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Histoire des Juifs en Europe
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22 novembre 2008

Introduction à l'histoire de ma famille

Ours is not a world of memory, but of participation Not of order, but of desire, not of law, but of affirmation Our night is wide. "Stone in Vence", Jean-Paul de Dadelsen, 1954. A travers mes voyages en Europe et en Israël, je me propose de raconter l'histoire de ma famille juive. Son histoire mouvementée à travers le continent européen depuis la fin de la guerre de Cent Ans au fil des siècles est une fenêtre ouverte sur l'histoire de l'Europe depuis presque six siècles. D'origine sépharade, ma famille est devenue ashkénaze implantée en Pologne et en Russie. D'Espagne, qui lui a donné son nom, plus précisément de Tolède où le duc d'Alba permettait aux Juifs de prendre son nom en guise de protection - ce que lui reprochera bien plus tard le duc de Saint-Simon dans ses Mémoires dans son analyse acerbe de ce qu'il juge être un signe de la décadence de la noblesse européenne -, elle a fui la montée de l'Inquisition dès le milieu du XV ème siècle et a essaimé d'abord en France vers 1457 [date fournie par les archives les plus anciennes de Bergerac]où elle s'implante à Bergerac tout près du château de Montaigne, dont la famille était également d'origine juive sépharade, en fondant le château de Lespinassat, aujourd'hui classé aux monuments historiques. Convertie au calvinisme comme de nombreuses familles juives du sud-ouest de la France, elle fut chassée de France où elle avait été anoblie en 1638 sous Louis XIII [dont les armes sont "De gueules à trois têtes de chiens courants d'argent; un chef d'azur chargé de trois molettes d'éperon d'or" qu'a adopté la ville de Thénac dans le blason de la ville avec celui des Lauzun; plusieurs branches latérales ont brisé leurs armes dun lambel de trois pendants], après la Révocation de l'Edit de Nantes, par l'Edit de Fontainebleau de 1685. Une descendante calviniste de cette branche française, lointaine cousine née au château de Lespinassat, Lydie de Rochefort de Théobon, devint Fille d'Honneur de la seconde Duchesse d'Orléans, qui l'appelle dans ses lettres à sa famille de Heidelberg "die gute schwarze Junfer" ("la bonne Fille d'Honneur noire", sans doute en raison de sa peau mate qui dénotait son origine sépharade, ce qui était extrêmement rare pour une noble de la cour de Versailles); elle fut même une des nombreuses maîtresse non officielles de Louis XIV, mentionnée en tout cas comme telle dans les dépêches secrètes de l'ambassadeur du roi de Prusse, Spanheim, auprès du Roi, et elle est mentionnée pour cette raison dans quatre lettres de Madame de Sévigné, à partir de 1670, date où elle le serait officieusement devenue à Chambord, à l'automne en regardant Le Bourgeois gentilhomme qu'y donnait Molière pour la première fois devant le roi et la Cour. L'un de mes ancêtres, Josué de Alba, écuyer, seigneur de Lespinassat, rebelle à sa conversion au catholicisme tandis que d'autres membres de la famille, dont Daniel de Alba, écuyer, vicomte de Monbazillac, se convertissaient au catholicisme [dont les armes sont "de gueules au sautoir d'argent"], s'enfuit de France après 1698 pour échapper aux persécutions contre les Protestants, se réfugia à Amsterdam auprès de cousins qui y avaient déjà trouvé un asile, les Eyma de Frégiguel dont la branche hollandaise avait conservé ses armes ["De gueules à trois besants d'argent"]. Là, mes ancêtres se convertirent à nouveau au judaïsme. Le commerce hanséatique, notamment le commerce international du vin et de l'alcool entre Bergerac, la côte bordelaise et la Pologne jusqu'à l'intérieur des terres en descendant la Vistule, l'amena, ou ses descendants immédiats, à s'implanter d'abord à Dantzig au début du 18ème siècle, puis, vers la fin du siècle des Lumières, en raison notamment des guerres entre la Prusse et la Pologne, à se réfugier dans la bourgade de Raciaz, en Mazovie, à une trentaine de kilomètres au nord de Plock, qui fut la capitale de la Mazovie au Moyen-Age, et où vivait depuis la Renaissance au moins une importante communauté juive, ainsi qu'à Raciaz, où est né mon grand-père, en 1876. Les archives les plus anciennes de Pologne, qui n'ont pas été détruites ni par les pogromes ni par les nazis, remontent à 1825, rédigées en russe et en yiddish. Les pogromes de 1905 mirent fin presque totalement à l'implantation de ma famille en Pologne, mis à part deux cousins dont les noms apparaissent dans les archives, nés dans les années 1880 et qui, restés sans doute en Pologne, périrent vraisemblablement soit à Tréblinka soit au camp de Dzialdowo au nord de Mlawa, de l'autre côté de l'ancienne frontière avec la Prusse orientale, où une partie des Juifs de Mazovie fut aussi exterminée. Mon grand-père émigra en janvier 1905 en France à Paris où il fonda une maison de haute couture au 63 boulevard Haussmann, qui eut son heure de gloire par des articles dans Le Figaro dans les "Années Folles", mon grand-père ayant d'ailleurs été l'inventeur vers 1919 du manteau de cuir pour dames pour les courses de chevaux qui avaient lieu alors à Pau (le CDJC possède désormais un catalogue de ses collections, plus d'une centaine de modèles). Une autre partie de la famille émigra en Russie, à Pskov, une des plus ancienne villes de la Russie, connue pour sa résistance aux hordes teutonnes et où Alexandre Nevsky, célébré par le grand film d'Eisenstein, y remporta une victoire qui fait date dans l'histoire de la Russie. Puis, à Saint-Pétersbourg, vers le milieu des années 1930 et le début de la terreur stalinienne pour se fondre dans la grande ville où la menace antisémite était moindre. Ma grand-mère, originaire d'Odessa, ainsi que sa soeur, ma grand-tante paternelle, furent assassinées à Auschwitz-Birkenau en 1942; les archives d'Odessa ont révélé que leur père, Jacob Schneider, mot officiellement selon ces archives soviétiques d'une "crise cardiaque", a vraisemblablement été assassiné en réalité d'une balle dans la tête par les agents de la Tchéka comme Juif. Il est très probable que ma grand-mère et sa soeur sont morte à Auschwitz sans l'avoir jamais soupçonné. Ainsi ma famille est sans doute une des très rares familles d'Europe à avoir son nom à la fois mentionné dans Le Grand Armorial de France [Département de Bordeaux Bergerac Registre 2è, N°46, conservé aux Archives nationales] et gravé au "Mur des Noms" du Mémorial de la Shoah à Paris rue Geoffroy-Lasnier. Je me propose donc de publier sur mon blog au fil du temps et de mes périples en Europe sur les traces de mes ancêtres des documents officiels et personnels, des photos concernant ma famille, dont la plupart des originaux se trouvent au CDJC à Paris et aux Archives nationales.
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