Photos et plan du ghetto de Varsovie
La photo qui suit a été prise à l'automne 1939, sur la Voie Royale par laquelle les rois de Pologne allaient du château royal, dont on aperçoit vaguement la tourelle dans le fond, et ses demeures d'été. C'est la rue Krakowskie-Przedmiescie, près du monument à la gloire du poète Adam-Mickiewicz. Ce sont des soldats de la Wehrmacht (nullement des SS; c'est sans doute ce que Mitterrand appelait "l'honneur de l'armée allemande qui ne faisait que son devoir" dans son fameux discours de Berlin) qui conduisent cette colonne de travailleurs forcés juifs en dehors de la "Seuchensperrgebiet" (Zone barrée pour cause d'épidémie) que les Polonais n'étaient autorisés qu'à traverser en tramway.
Le même endroit aujourd'hui avec la même rue Trebacka à gauche et le monument à la gloire d'Adam Mickiewicz à droite.
La photo suivante a été prise à l'automne 1939 place Pilsudski que l'on distingue facilement sur le plan précédent (au centre). L'homme porte la tenue traditionnelle des Juifs; il ne porte pas encore le brassard avec l'étoile de David qui n'entrera en vigueur qu'à partir de décembre 1939. A partir du printemps 1940, il était strictement interdit aux Juifs de marcher dans les rues et les places élégantes de Varsovie, telle la place Pilsudski (1867-1935).
Le "Biuletyn informacyjny" (Bulletin d'information) est le journal le plus important de la résistance juive. Le 29 mars 1940, il rend compte des pogroms provoqués par les nazis mais où les Polonais ont été les acteurs principaux.
Le contour final du mur du ghetto n'est pas fixé définitivement à l'été 1940; ainsi comprend-il au début de l'occupation allemande la vieille ville comme on le voit sur la photo suivante à l'entrée de la Piwa au déboucher sur la place du Château royal. Mais quelques semaines plus tard, ce mur sera abattu et le mur reporté beaucoup plus loin de telle sorte que toute la partie de la vieille ville fut libérée et située hors du ghetto.
En octobre et novembre 1940 le nombre de personnes cantonnées dans le ghetto s'élève à 138 000. Les Juifs de Varsovie affluent de tous les quartiers de la ville. On voit ici une longue file marchant rue Leszno juste au coin de la rue Zelazna en direction de la porte d'entrée ouest du ghetto dans cette rue à trois pas sur la gauche de la photo.
Entre les deux parties du ghetto les autorités d'occupation ont construit une passerelle qui passe au-dessus de la Chlodna.
A l'intérieur du ghetto la vie tente de s'organiser entre les tickets de rationement, à partir de décembre 1940, et le marché noir, pour survivre. La ration s'élève à 184 calories par jour en 1941, c'est-à-dire 15% du besoin nutritif minimum. Les autorités d'occupation autorisent par mois 2,5 kg de pain, 250 g de sucre par personne, de la confiture et un savon.
Le manque de nourriture et d'un marché libre obligeaient les membres du ghetto à la contrebande. Sans le marché noir, qui était puni de mort sur-le-champ, le ghetto n'aurait pas survécu plus d'un mois.
Les enfants dans le ghetto:
Quelle civilisation auparavant dans l'histoire avait eu comme projet diabolique de martyriser des enfants? Il a fallu attendre l'Allemagne nazie, avec la complicité active des Polonais, un peuple de criminels qui participa activement aux pogromes de 1939 sans parler de ceux d'avant, en 1880 et 1905, qui n'a jamais reconnu ses crimes à ce jour, n'a jamais demandé pardon comme Willy Brandt au nom du peuple allemand bien qu'il eût été, lui, un résistant au régime nazi durant la guerre, a oublié dans ses musées de province toute mention de la présence séculaire des Juifs en Pologne; mais qui ose toujours honorer insolemment la Vierge à Czestochowa et au coin des rues à Varsovie! L'Allemagne était l'un des pays les plus civilisés du monde, ne l'oublions jamais. La science et le progrès ne sont aucunement des garanties contre la barbarie. L'actuel ministre polonais de l'Education veut bannir des manuels scolaires la théorie de Darwin! Et cela se passe dans l'Europe d'aujourd'hui.
Ce sont les enfants qui s'occupent le plus souvent de trouver de la nourriture au marché noir. Ils cachent la nourriture sous leurs vêtements rapidement en guenilles pour venir en aide à toute la famille. Petits et menus, ils profitent d'un moment d'inattention des gardiens allemands et de la police polonaise aux portes du ghetto pour se faufiler au dehors. Mais à leur retour, il n'est pas rare qu'ils se fassent confisquer leurs provisions et sa fassent arrêter, puis conduits dans les prisons du ghetto s'ils n'ont pas été tout simplement assassinés.
Lors de sa visite en Pologne, le chancelier Willy Brandt, ancien résistant au régime nazi, s'agenouilla devant le monument aux morts dans le ghetto, le Mémorial dédié aux Héros du ghetto. Cet acte politique d'une grande portée symbolique conduisit les Polonais à rebaptiser de son nom la place où se dresse cette impressionnante sculpture faite dans le basalte que Hitler destinait au monument dédié à la célébration de sa victoire finale. Durant la guerre, c'est à cet endroit que se dressait la prison de la rue Gesia, où étaient enfermés de nombreux enfants pour contrebande.
Au sud de l'ancien ghetto se dresse la seule synagogue de Varsovie, la seule restant dans toute la Pologne, place Grzybowski. Quand j'y suis arrivé, elle était toute illuminée et en fête.
Deux autres synagogues de Varsovie avant guerre, détruites par les nazis, dont la synagogue de la rue Tlomackie, que les nazis ont fait sauter le 16 mai 1943 en représaille au soulèvement du ghetto:
Bibliographie sommaire:
Adam Czerniakow, Carnets du ghetto de Varsovie, La Découverte/Poche.
Michel Borwicz, Ecrits des condamnés à mort sous l'occupation nazie, Gallimard, 1973.
Tadeusz Borowski, Le monde de pierre, Christian Bourgois éditeur, 2002.
Pawel Korzec, Juifs en Pologne, Paris, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, 1980.
Emmanuel Ringelblum, Chronique du ghetto de Varsovie, Paris, Laffont, 1978. (ancienne édition partielle des Archives Ringelblum que la nouvelle édition complète va remplacer en janvier prochain, dans quelqus jours...).