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Histoire des Juifs en Europe
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22 novembre 2008

Les Juifs à Paris au Moyen Âge

 

steles_juives_musee_carnavaletLes Juifs y sont nombreux dès l'époque mérovingienne. Les deux plus anciens quartiers juifs sont établis sur la rive droite et dans l'Ile de la Cité. La juiverie Saint-Bon allait de la rue des Bourdonnais à la rue de Moussy et de la rue de la Coutellerie à la rue Saint-Merri. La communauté a une synagogue rue de la Tacherie, et une école, une heder. Dans l'Ile de la Cité, on connaît la rue de la Juiverie ; la synagogue a été transformée en église dès 1183, sous le vacable de sainte Marie-Madeleine.

Les Juifs sont connus sur la rive gauche, surtout à partir du XIIIè siècle où leur présence est liée aux seuls cimetières qui leur soient réservés dans la capitale. Cependant, l'habitat sur cette rive est relativement mal connu. Dès le règne de Saint-Louis, il y a une juiverie importante et le cartulaire de la Sorbonne indique en 1272 l'existence d'écoles rabbiniques (yeshivot) rue de la Harpe, près d'un cimetière juif, qu'une charte de Philippe le Hardi permet d'agrandir en 1283 en approuvant la vente faite aux Juifs par maître Gilbert, chanoine de Bayeux, d'un jardin situé dans le même terroir. Il y avait alors en France, répartis sur l'ensemble du territoire, entre 50 000 et 10 000 Juifs, plus nombreux que les Juifs d'Espagne, sur environ cent cinquante-six localités, surtout des villes, mais ausi parfois des villages et des bourgs. Au XIIIè siècle, à Paris, sur une population totale de 150 000, la plus nombreuse agglomération de la Chrétienté, il y avait environ 3 à 5% de Juifs, soient entre 4500 et 7500 personnes, avec une forte concentration dans l'Ile de la Cité, probablement 20% de Juifs.

 

Les expulsions:

L'histoire de la communauté juive est celle d'une succession d'expulsions et de rappels. En 1182, Philippe Auguste s'approprie les créances, les immeubles, en ordonnant de convertir les synagogues en églises. Les Juifs sont rappelés en 1198. Les persécutions reprennent avec Saint-Louis, qui rend obligatoire le port de la rouelle. A la suite d'une expulion partielle ordonnée par Saint-Louis vers 1253, leurs immeubles communautaires ont été confisqués par l'administration du roi. Une ordonnance royale de 1257 rend aux Juifs leurs anciens cimetières et synagogues. En 1259, le chef de l'école rabbinique de Paris, Yehiel ben Joseph (Vives de Meaux) émigre en Palestine avec de nombreux rabbins. Le 19 avril 1283, Philippe le Hardi interdit aux Juifs d'ouvir de nouveaux cimetières. Une nouvelle expulsion est décidée en 1306 ; le cimetière de la rue de la Harpe est vendu en 1311 aux religieuses de Poissy. Les tombes restent en place un certain temps. Au dire de l'historien Sauval, ce bannissement de 1306 est très cruel et occasionne de nombreuses victimes. Quelques années plus tard, le 28 juillet 1315, une ordonnance rappelant les Juifs stipule qu'ils pourront récupérer les cimetières qui n'auraient pas été vendus ou en acquérir de nouveaux. Une nouvelle ondamnation est prononcée en 1321 ; le retour de la communauté se fait en 1359. L'expulsio définitive a lieu en 1394, sous Charles VI. Les Juifs ne reviennent à Paris qu'au début du XVIIIème siècle.

 

Les cimetières:

Les découvertes occasionnelles de stèles juives ont intrigué ls érudits depuis la Renaissance. On en signale surtout dans les environs de la rue de la Harpe, sur la rive droite. Ce cimetière de la rue Pierre-Sarrazin - rue de la Harpe (boulevard Saint-Michel) et de la rue Hautefeuille existe dès le XIIème siècle. C'est le grand cimetière de l'époque de prospérité de la communauté juive. En 1292, le rôle de la taille nous fait connaître Henri, le sergent du cimetière aux Juifs. Après l'expulsion de 1306, le cimetière est désigné comme une grande place vide. L'essentiel des découvertes de stèles se fait en 1849, quand des travaux de terrassement povoqués par la reconstruction d'un immeuble de la maison Hachette mettent au jour 48 pierres tombales (au niveau du 79 boulevard Saint-Germain). La plupart des stèles furent données au musée de Cluny.

Le cimetière de la rue Galande s'est peut-être développé par l'impossibilité d'utiliser un temps le cimetière de la rue Pierre-Sarrazin. Il n'a livré aucune stèle. Il est connu par une charte de 1258, qui permet de le faire remonter à l'extrême fin du XIIème siècle. Le chapitre de Notre-Dame donne son approbation à un acte d'arbitrage mettant fin au conflit qui avait opposé la communauté juive à deux membres de ce chapitre au sujet de la jouissance du cimetière de la rue Galande. Le cimetière était situé entre la rue Galande et la rue du Plâtre. En 1273, il est restitué intégralement aux chanoines et livré au lotissement. Peut-être a-t-il recueilli une population plus modeste que le cimetière voisin, ce qui pourrait expliquer l'absence de stèles.

Une seule stèle a été trouvée rive droite. En 1912, au n° 55 de la rue de la Verrerie, une stèle à arcature trilobée est datée de 1364. La communauté juive commence alors à se rétablir à Paris. Il est possible qu'elle se soit installée dans les parages de l'hôtel Saint-Paul, en abandonnant la rive gauche.

 

La grande peste:

La grande peste de 1348 montre les mentalités médiévales face à la communauté juive. Sauval rapporte les propos d'un certain David Gantz écrits au XIVème siècle:

En 1348, la mortalité fut si grande parmi les Chrétiens, qu'il n'en resta pas dix ; et les Juifs au contraire furent tous garantis ; ou s'il en mourut ce fut bien peu, et ceux-là étaient de la famille d'Ascher. Cette indulgence du Ciel autant que de la nature, attira sur eux la colère presque de toute l'Europe : en même temps les voilà persécutés et en France et en Espagne et en Allemagne. On les accuse d'avoir empoisonné les puits et les rivières ; chacun se met sur eux pour s'en venger ; et enfin la vengeance fut si cruelle que plusieurs millions furent massacrés. Mais comme ce Rabbin est le seul qui parle de ceci, il y a grande apparence que c'est une fable (Sauval, Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris, t. II, p. 518).

 

Bibliographie:

Jacques le Goff, "Saint-Louis et les Juifs", in Saint-Louis, Paris, Gallimard, 1996 (p.793-814).

Michel Roblin, Les Juifs de Paris, Paris, 1952.

Mark R. Cohen, Sous le Croissant et sous la Croix. Les Juifs au Moyen-Âge, Seuil, 2008 pour la traduction (éditions Princeton, 1994).

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