UN POÈME DE INGEBORG BACHMANN
Fall ab, Herz
Fall ab, Herz, vom Baum der Zeit,
fallt, ihr Blätter, aus den erkalteten Ästen,
die einst die Sonne umarmt',
fallt, wie Tränen fallen aus dem geweiteten Aug !
Fliegt noch die Locke taglang im Wind
um des Landgotts gebräunte Stirn,
unter dem Hemd preßt die Faust
schon die klaffende Wunde.
Drum sei hart, wenn der zarte Rücken der Wolken
sich dir einmal noch beugt,
nimm es für nichts, wenn der Hymettos die Waben
noch einmal dir füllt.
Denn wenig gilt dem Landmann ein Halm in der Dürre,
wenig ein Sommer vor unserem großen Geschlecht.
Und was beugt schon dein Herz ?
Zwischen gestern und morgen schwingt es,
lautlos und fremd,
und was es schlägt,
ist schon sein Fall aus der Zeit.
Traduction :
Détache-toi, mon cœur
Détache-toi, mon cœur, de l'Arbre du Temps,
Tombez, feuilles, des rameaux gelés,
qui naguère étreignaient le soleil,
tombez, comme des larmes qui tombent de l'œil dilaté !
Flotte encore la boucle au long du jour dans le vent
autour du front noirci du dieu de la terre,
sous la chemise le poing presse
la blessure déjà béante.
Aussi sois ferme, si la tendre croupe des nuages
se penche une fois encore vers toi,
ne t'inquiète pas, si le mont Hymettos remplit,
une fois encore, pour toi, les rayons de miel.
Car peu importe au paysan un chaume dans la sécheresse,
peu importe un été pour notre haute descendance.
Et quel témoignage apporte déjà ton cœur ?
Entre hier et demain il balance,
muet et étranger,
et son battement
signifie déjà sa chute hors du temps.
I. Bachmann, Die gestundete Zeit, Le Temps en sursis, 1953.