LE FANTÔME DANS L'ICONOGRAPHIE OCCIDENTALE

Première apparition de l'image d'un fantôme dans l'iconographie occidentale.

Un fantôme annonce à un père la mort de son fils dans une taverne, Cantigas de Santa Maria (vers 1272).

Cantiga LXXII, Escorial, ms. Tj1, f°80.

(On peut remarquer à la tête de la litière du mort deux svastikas lévogyres, symbole d'éternité,

signifiant que le mort a été sauvé de la mort par le miracle de la Vierge)

Le spectre de Samuel : le type du fantôme. Kayserchronik. 

( Bavière, vers 1375-1380), New York, Pierpont Morgan Library, ms. M769, f°172.

Le spectre de Samuel : le type du ressuscité. Gumbertsbible.

(Allemagne, avant 1195) - Erlangen, Universitätsbibl., ms. 1, f°82v°.

Comments

[RM]

C'est qu'en principe, un linceul recouvre le visage. Mais peut-être qu'ici, on a soulevé le voile, pour ainsi dire, pour qu'on puisse reconnaître Samuel.

[Melkisedek]

C'est même un manteau sacerdotal, caractéristique de Samuel. En 1, Samuel, 18-19, on peut lire : "Cependant Samuel faisait le service devant le Seigneur, comme garçon revêtu d'un éphod de lin. Sa mère lui confectionnait chaque année un petit manteau, qu'elle lui apportait lorsqu'elle montait avec son mari pour le sacrifice annuel." Le manteau se porte sur l'éphod de lin. On trouve encore une allusion au manteau en 1, Samuel, 2, 19 : "Puis tu prendras les vêtements liturgiques et tu revêtiras Aaron de la tunique, du manteau de l'éphod, de l'éphod et du pectoral, et tu lui mettras l'écharpe de l'éphod."

Ce qui est intéressant, comme je le soulignais avant, c'est que les enluminures ne tiennent pas compte du texte et inventent une image inédite de Samuel, avec un drap, un linceul, sortant de la tombe dans l'épisode de la nécromancienne. C'est à cette époque qu'on a inventé l'image du fantôme, qui n'existait pas avant, tel qu'on se l'imagine aujourd'hui. C'est une invention pure.

[Melkisedek]

Oui, il a un manteau. Et alors ? Quel est le problème ? Je ne vois pas.

[RM]

Je suis un peu ennuyé, mais je suis allé voir dans la Bible, et le texte dit que l'ombre de Samuel le manifeste revêtu non d'un linceul mais d'un manteau. C'est une sorte particulière de manteau, peut-être sans manches, selon les Témoins de Jéhovah. Enfin, il a bien un vêtement qui le recouvre.

[RM]

Lamartine dit lui-même, de cette tragédie, qu'en 1818, quand il l'a composée, et fait lire à Talma, mais sans pouvoir la faire représenter parce qu'il était absent de Paris, elle était encore dans le goût du temps, parce que "c'était encore le temps des imitations en tout genre", mais que "maintenant" (en 1849), cela ne marcherait plus, parce qu'on "cherche le drame moderne", qu'on trouvera "dans l'histoire mieux étudiée et mieux comprise". Il était donc d'accord avec vous, somme toute.